jeudi 28 mars 2024
La Chaux-de-Fonds - 19:00
Quartier Général – QG
Les anciens abattoirs / Rue du Commerce 1222300 La Chaux-de-Fonds
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Entrée
au chapeauJeudi saint aux abattoirs
« Buvez-en tous : ceci est mon sang ! » Dans les anciens abattoirs de la ville, devenus centre d’art contemporain, le Jeudi saint sera pourtant profane. Dans ce lieu qui a vu la mort de tant d’animaux, sera menée une décantation : Soya the Cow, drag queen zurichois non binaire et interespèces, fera résonner ses performances poétiques en lien avec Anne Simon, directrice de recherche au CNRS, pionnière de la zoopoétique en France. En point d’orgue, la comédienne neuchâteloise Dominique Bourquin prêtera sa voix à un taureau lors d’une corrida.
Au QG, centre d’art contemporain aménagé dans les entrailles des anciens abattoirs de la ville, quelques certitudes humaines pourraient bien être mises à feu et à sang. Qu’implique aujourd’hui la mise à mort de l’animal ? Que signifie même la notion d’animalité ? Réfléchissant chacun à leur manière et dans leurs disciplines à l’altérité du vivant, sans hiérarchie, trois invités se donnent corps et âme pour penser sous nos yeux la « cause animale ».
Soya the cow — vache drag queen féministe, vegan libérée et militante ultra poétique — parlera le langage des humains pour nous faire voyager dans un futur pas si lointain, imaginé dans son seul-en-scène Dear Human Animals, où le mot « cadavrivore » est entré dans le langage courant… Née pour inspirer et remettre en question le statu quo, Soya se bat pour les animaux et pour tous ceux dont la voix n’est pas entendue : pour eux, pour nous, elle chantera également.
Comme une nouvelle banderille lancée contre nos habitudes, Anne Simon, directrice de recherche au CNRS et pionnière de la zoopoétique en France, nous livrera ensuite un petit cours magistral — dans tous les sens du terme — sur la puissance des vaches et des taureaux dans les mythes antiques, qu’elle mettra en contrepoint de leur terrifiante dégradation dans les représentations littéraires de l’élevage industriel, à partir de ce qu’elle a appelé « le roman agro-alimentaire ». Dernière à entrer dans l’arène, la comédienne neuchâteloise Dominique Bourquin donnera sa voix à un taureau en pleine corrida.
Sera-t-il encore possible de dire après : « Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ? »
Soya the cow, performeuse drag bovine
Anne Simon, chercheuse en études littéraires et philosophiques, directrice de recherche au CNRS
Dominique Bourquin, comédienne
Daniel Hellmann est un chanteur, performeur, homme de danse et de théâtre zurichois. Il a étudié la philosophie, le chant classique et le théâtre, d’abord à Zurich, puis à Lausanne et à Berne. Depuis 2012, il développe ses propres œuvres artistiques et tourne internationalement. Ses pièces ont été récompensées par de nombreux prix. Daniel Hellmann considère sa pratique artistique comme une forme d’activisme intersectionnel. Ses projets explorent le corps, les relations corporelles, le désir et remettent en question les normes sociales et les relations de pouvoir dans les domaines de la sexualité, des droits de l’homme et des animaux. Depuis 2017, les travaux de Hellmann sont de plus en plus axés sur les relations entre les humains et les autres animaux. Requiem for a piece of meat (2017) a reçu le prix June Johnson de la danse et a été invité aux Swiss Dance Days 2019. Avec son alter ego Soya the Cow — une drag queen bovine sex-positive, féministe et végane —, il a créé le one-cow-show Dear Human Animals (2020), sorti l’album de musique Purple Grass (2021) et plusieurs vidéos clips. En 2022, Hellmann a voyagé à travers les États-Unis en tant que Soya the Cow avec l’exposition solo Planet Moo, des performances et de l’activisme.
Directrice de recherche au CNRS, Anne Simon est rattachée à la République des Savoirs à l’École normale supérieure, où elle est notamment responsable du Centre international d’étude de la philosophie française contemporaine, et du carnet de zoopoétique Animots, dédié aux études animales littéraires et artistiques. Elle s’attache actuellement à développer un axe en Humanités écologiques à l’ENS. Sa recherche aborde les dimensions poétiques et écologiques du vivant. Elle est ainsi l’autrice de Une bête entre les lignes. Essai de zoopoétique (Wildproject, 2021), et de quatre essais sur Proust, qu’elle aborde notamment par le prisme du corps, de la nature et de l’animalité. Ses recherches actuelles portent sur les revitalisations contemporaines du motif de l’arche (Gilgamesh, Noé), via une perspective croisant littérature et écologie, philosophie, histoire, études religieuses, éthique ; les représentations de l’élevage industriel en littérature ; et les métamorphoses du loup, en collaboration avec le ShanjuLab, laboratoire vaudois de recherche théâtrale sur la présence animale.
Dominique Bourquin est née à Neuchâtel. Après une licence en lettres, elle se forme à l’Ecole du Totales Theater du Kulturmühle de Lützelfluh. Elle fonde en 1981 le Théâtre pour le Moment qu’elle anime pendant vingt ans. Elle a à son actif plus de septante mises en scènes en Suisse et en France, une soixantaine de rôles au théâtre qui l’ont menée à travers l’Europe et quelques rôles au cinéma.